Projet de recherche achevé du PNR 73 : Effets d’une économie verte sur le marché du travail

19.07.2021

Le marché du travail de la Suisse semble assez bien préparé à la transition écologique. Tout l’enjeu réside dans la disponibilité des professions et des compétences techniques.

Le marché suisse du travail joue un rôle essentiel dans la réussite de la transformation du pays en une économie durable et ouverte. Selon le projet de recherche mené sous l’égide du professeur Rolf Weder, le marché national du travail possède de nombreux atouts pour s’engager sur la voie d’une économie durable. En effet, la part des employé·es disposant des compétences spécifiquement requises pour passer à une économie de développement durable est relativement élevée. Telle est la conclusion dressée à l’issue d’une étude empirique menée sur le potentiel durable des professions. Cette étude est fondée sur le postulat selon lequel toute profession, dont l’exercice nécessite des compétences spécifiques à l’exécution de taches dites "vertes", présente un potentiel durable élevé, et ce indépendamment du fait que ces professions et les compétences y associées soient actuellement mises à profit pour accomplir des tâches durables, notamment développer des processus plus propres et des produits plus respectueux de l’environnement. Il en ressort que ces professions requièrent majoritairement des compétences techniques ou une formation ciblée sur les sciences naturelles et l’ingénierie. L’équipe de projet a notamment mis en évidence une corrélation entre le durcissement des réglementations environnementales et l’augmentation de la demande de professions présentant un potentiel durable élevé.

Le marché suisse du travail a-t-il toutes les cartes en main pour mener à bien cette transition ? En cas de pénurie de personnel disposant des compétences requises, la facture de la transition écologique pourrait être très élevée. Conséquence : si certaines branches industrielles peinent à recruter les bonnes personnes, elles risquent de délocaliser leur production vers des pays ayant des réglementations environnementales moins contraignantes. Certes, les émissions de gaz à effet de serre diminueraient en Suisse mais elles resteraient élevées à l’échelle mondiale.

L’équipe de projet a considéré plusieurs industries helvétiques en fonction de (1) l’intensité de leurs émissions de gaz à effet de serre en Suisse, (2) la part des emplois nécessitant des compétences écologiques, (3) la pénurie de main-d’œuvre sur le marché du travail et (4) la négociabilité de leurs produits à l’échelle internationale. Selon les auteurs, le nombre d’industries (p. ex. produits chimiques) qui présentent des résultats élevés dans les quatre variables et qui pourraient, par conséquent, être contraintes de délocaliser leurs sites de production (sous réserve que d’autres pays ne durcissent pas aussi leurs réglementations environnementales) est limité. Les auteurs soulignent néanmoins qu’il faut s’attendre à des effets hétérogènes au niveau des entreprises d’une même branche industrielle.

Globalement, le marché suisse du travail semble plutôt bien préparé à la transition écologique. Le principal enjeu réside dans la disponibilité des compétences et des professions techniques. Cet enjeu pourrait toutefois devenir une véritable gageure en cas de hausse simultanée de la demande de telles compétences dans le sillage de la transformation numérique. Par conséquent, il importe de déployer progressivement des instruments incitatifs dans la politique de formation continue, d’encourager l’acquisition individuelle de compétences dites « vertes » et de sensibiliser les écolier·es et les étudiant·es à l’importance des sujets STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) dans la transition vers une économie durable.

Publications évaluées par les pairs dans le cadre du projet de recherche :

Les travaux ci-après sont en cours de révision dans différentes revues scientifiques :

Nous avons également expérimenté une approche innovante de transfert des connaissances sous la forme d’une analyse interactive en ligne. Elle comprend notamment le potentiel écologique d’un large éventail de professions : Niggli, M., & Rutzer, C. (2020), "Greening and the Labor Market"
https://cieb.shinyapps.io/nrp_73_green_potential

Sous ce lien, il est possible de télécharger l’ouvrage ci-après (en allemand) qui résume le projet du PNR 73 :

Weder, Rolf and Wolfram Kägi (Editors), Umbau der Schweiz in eine "Grüne Wirtschaft": Herausforderungen für den Arbeitsmarkt, Basel, Mai, 2021.